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LIÈVRE OU LAPIN : UNE LÉGENDE ALLEMANDE

Tout comme le fameux débat pain au chocolat ou chocolatine en France, les Allemands ont leur propre querelle : est-ce un lièvre ou un lapin de Pâques ?

Cette question, qui divise encore aujourd’hui certaines régions d’Allemagne, prend racine dans une légende populaire du XVIIIe siècle. Des enfants découvrent un matin des œufs colorés dans un jardin, non loin d’un lapin. Persuadés qu’il en est l’auteur, l’animal devient alors le symbole de la fête.

Mais dans une grande partie de l’Allemagne, c’est en réalité le lièvre qui est célébré. Il incarne la fertilité et le renouveau dans de nombreuses traditions païennes. Cette symbolique a voyagé jusqu’aux États-Unis grâce aux immigrants allemands, donnant naissance au célèbre Easter Bunny.

DE L’ANIMAL AU SYMBOLE : L'ŒUF À TRAVERS LES ÂGES

Ce n’est pas un hasard si le lièvre ou le lapin est devenu le porteur d’œufs : ces deux symboles sont intimement liés par leur représentation du cycle de la vie. L'œuf, en particulier, porte en lui une longue histoire spirituelle et culturelle.

Dans l’Égypte antique, il symbolisait la renaissance, en lien avec Osiris, dieu de la résurrection. En Perse, on offrait des œufs décorés pour célébrer Nowruz, le Nouvel An iranien, au moment de l’équinoxe de printemps. Ces traditions mettent en lumière une même idée : celle du renouveau et du retour de la vie après l’hiver.

Avec l’arrivée du christianisme, l'œuf prend un nouveau sens. Pendant le Carême, période de jeûne précédant Pâques, sa consommation est interdite. Les œufs étaient alors conservés en les faisant cuire, puis décorés en signe de fête. Le rouge, souvent utilisé, rappelle le sang du Christ. Peu à peu, cette coutume se répand dans toute l’Europe et gagne même les cours royales.

L’ARRIVÉE DES ŒUFS EN CHOCOLAT

Ce lien entre œuf et prestige culmine à la cour de Louis XIV, où le Roi-Soleil exigeait qu’on lui offre chaque année le plus gros œuf pondu durant le Carême et le recouvrait de feuilles d’or . L'œuf devient alors un objet de faste et de représentation sociale, avant de se transformer — quelques siècles plus tard — en un produit à croquer.

C’est au XVIIIe siècle, à Turin, que le chocolat entre en scène. Une artisane connue sous le nom de la veuve Giambone aurait eu l’idée novatrice de vider un œuf de poule pour le remplir de chocolat fondu. Une révolution gourmande était en marche.

Mais il faut attendre 1875 pour que l'œuf en chocolat prenne véritablement la forme que nous connaissons aujourd’hui. C’est la maison Cadbury qui en crée les premiers modèles moulés, accessibles au grand public. Dans le même temps, l’orfèvre russe Fabergé confectionne ses célèbres œufs impériaux, inspirant à leur tour les chocolatiers à garnir leurs créations.

Dès lors, la tradition n'a cessé de se réinventer, au rythme de la créativité des artisans. Aujourd’hui, les Français achètent plus de 15 000 tonnes de chocolat à Pâques. Avec une moyenne de 7,3 kg de chocolat consommés par habitant chaque année, la France se place dans le peloton de tête des pays les plus friands — juste derrière l’Allemagne, où l’on dépasse les 11 kg annuels.