Street Stories

Je ne peux pas être la seule à regretter l'époque où l'on mangeait chaud sans se soucier de prendre notre sandwich en photo. Quand la cuisine de rue était modeste, rapide, accessible et que notre seule contrainte était de ne pas se brûler la langue en mangeant. Notre seul but : prendre du plaisir.

Aujourd'hui la street food se veut de meilleure qualité, plus responsable, travaillée et coûteuse. Ces adresses poussent comme des pleurotes. Plus les ouvertures se bousculent et plus elles se ressemblent. Des copies de copies. Beaucoup, trop, misent tout sur une bonne comm', un bon speech, un shooting photo pointu et un logo épuré. Tout pour devenir la nouvelle tendance dont les médias parleront à l'unisson pendant moins de 5 minutes. Et les influenceurs se vanteront (encore) d’avoir trouvé le meilleur burger de Paris "régressif et réconfortant ».

Le monde de la restauration est tellement difficile. Pourquoi dès qu'un resto ferme cinq autres prennent sa place ? Comment remettre l’humain, le partage, la convivialité, le bien boire et le bien manger, au centre de nos préoccupations ?

Peut-être en recherchant plus de simplicité, moins de faux-semblants, plus de plaisir, du bon du vrai bordel, en soutenant ceux qui continuent de se creuser la tête pour satisfaire notre appétit.

Le mois dernier on perdait le QG des viandards John Viande qui existait depuis près de 10 ans. On y mangeait du burger juteux, de belles viandes maturées, des frites fraîches trempées dans leurs sauces maison, du vin sérieux et des bières de cowboy. Heureusement ils ont depuis emménagé dans leur bar à pizzas John Circus, où l'on peut joyeusement enchaîner un burger, une pizza et du glouglou.

Il est difficile de faire exister un restaurant indéfiniment, il y a des époques et des modes mais on peut toujours essayer. Quelque part c'est un peu comme une relation, plus on la soigne, plus elle dure. Et si au lieu de rechercher sans cesse la nouveauté on retournait chez tous ceux qui nous ont fait aimer la street food ?

Chez Garni pour des sandwichs cuisinés qui débordent d'amour, toujours de saison et à un prix plus qu’honnête.

Chez L’Alicheur, cantine d’inspiration cambodgienne qui régale le croisement St-Maur/Oberkampf depuis 20 ans avec leurs nouilles et soupes fraîches pleines de goûts.

Chez Tambo pour s'enfiler une douzaine de salteñas et de bons petits sandwichs aux inspirations boliviennes.

Chez Hanoi Corner, sans doute l'un des meilleurs banh mi de Paris à faire descendre avec un vrai cà phê đá (café vietnamien).

Chez Les Délices de Tunisie, ancré depuis près de 10 ans à Ménilmontant, qui propose des pizzas soufflées au feu de bois chargées de thon et d’harissa.

Et tellement d’autres...

En conclusion, on se passera d'un énième smash burger identique aux autres ou d’un nouveau banh mi à 15€. On retournera plutôt soutenir les copains pour qu'ils continuent de nous régaler encore et encore…

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